Capacité d’apprentissage dans les communautés francophones en situation minoritaire - SRDC

Favoriser l’apprentissage durant la petite enfance

C’est pendant leurs premières années que les enfants échafaudent leur avenir. L’environnement dans lequel ils grandissent, tant à la maison qu’à l’extérieur de celle-ci, joue un rôle décisif dans la réussite des jeunes enfants à leur entrée scolaire. De fait, les résultats découlant de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes révèlent que :

  • les connaissances et les compétences que possèdent les enfants lorsqu’ils entrent à l’école sont étroitement liées à leur réussite;
  • les enfants qui ont des interactions positives avec leurs parents, par exemple, à qui les parents lisent une histoire chaque jour, ont tendance à obtenir de meilleures notes que les autres enfants quant à leur aptitude à communiquer, à apprendre et même à jouer de façon coopérative avec d’autres enfants;
  • ceux qui participent à des activités sportives structurées et qui suivent des cours d’activité physique ou d’art manifestent aussi une plus grande aptitude à apprendre.

 

En contexte linguistique minoritaire, la maitrise de la langue d’enseignement et la capacité à communiquer sont des prédicteurs additionnels de la réussite scolaire. Or, la réalité du milieu minoritaire est que les jeunes francophones sont exposés à deux cultures différentes à un moment où leur identité culturelle et leurs compétences langagières sont en devenir. De plus, ces enfants doivent tôt ou tard apprendre la langue de la majorité (c.-à-d., l’anglais) en plus de leur langue maternelle pour assurer leur bon fonctionnement dans la société.

La condition requise pour le développement d’un bilinguisme additif (c’est-à-dire l’acquisition d’une seconde langue sans qu’il y ait préjudice à l’identité culturelle et au développement de la langue maternelle) est remplie pour peu d’enfants francophones vivant en milieu minoritaire. Pour que le bilinguisme soit additif, un seuil minimal d’exposition ou d’utilisation de la langue maternelle doit être dépassé. Pour diverses raisons, le seuil minimal requis est plus élevé lorsque la langue maternelle est une langue minoritaire.

Le projet Capacité d’apprentissage dans les communautés francophones en situation minoritaire (auparavant, le Projet pilote de garde d’enfants) se veut une réponse concrète à cette réalité. On y évalue les impacts d’un programme préscolaire novateur par sa volonté d’influencer les deux principaux milieux – la garderie et le foyer – susceptibles d’avoir un impact sur les apprentissages des jeunes enfants, son accent mis sur l’exposition à la langue française dans ces milieux et son souci d’offrir un contenu de grande qualité conforme avec les meilleures pratiques dans les domaines de la petite enfance et de l’alphabétisation familiale.

Ajoutons que ce projet de démonstration a fait partie du Plan d’action pour les langues officielles de 2003–2008 du gouvernement du Canada et de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne de 2008–2013. Emploi et Développement social Canada (EDSC) a retenu les services de la Société de recherche sociale appliquée (SRSA) pour la mise en œuvre, la gestion, la collecte et l’analyse des données du projet.

Les résultats de ce projet visent à contribuer au savoir collectif sur les approches efficaces et donneront aux parents, aux fournisseurs de services et aux communautés des informations fiables sur la conception et la mise en œuvre de services à la petite enfance ciblant les familles francophones vivant en situation minoritaire. La petite enfance s’avère également un moment propice à des interventions positives, préventives et précoces pouvant contribuer à la préservation de l’identité, de la culture et de la langue françaises ainsi qu’à l’essor des communautés francophones en situation minoritaire.

Programme mis à l’essai

Le programme préscolaire piloté comprend un volet en garderie et un volet d’ateliers familles. La programmation du volet en garderie fut adaptée pour les enfants de 2 ans et 8 mois à partir du Programme fransaskois de la prématernelle, développé par le ministère de l’Éducation de la Saskatchewan pour des enfants de quatre ans. Le programme livré adopte une approche pédagogique par le jeu misant sur le développement des compétences langagières en français, de l’identité et de l’engagement envers la communauté francophone des enfants. En complément, une série de 10 ateliers familles (volet ateliers familles) est offerte aux parents durant la première année de prestation du programme préscolaire. La programmation des ateliers familles fut développée spécifiquement pour le projet par la firme ÉDUK, en collaboration avec EDSC et la SRSA. Le contenu de ces ateliers vise à outiller les parents pour qu’ils puissent appuyer le développement langagier, culturel et identitaire de leur enfant en français.

Le programme préscolaire fut mis en œuvre dans six communautés réparties à travers le Canada : Edmonton en Alberta, Cornwall, Durham et Orléans en Ontario ainsi qu’Edmundston et Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Plus de 350 enfants (et leurs parents) ont été suivis sur une période de quatre ans : de l’âge de trois ans jusqu’à sept ans, du préscolaire au début de la deuxième année du primaire. Deux cohortes de participants furent recrutées dans le projet. Les enfants de la première cohorte sont nés en 2004 ou en janvier 2005. Ceux de la deuxième cohorte sont nés en 2005. Le programme préscolaire débuta en septembre 2007 pour la première cohorte et en septembre 2008 pour la deuxième cohorte.

Méthodologie

En termes techniques, l’évaluation du programme se fait au moyen d’une étude longitudinale utilisant une méthodologie quasi expérimentale avec groupes témoins. Trois groupes de participants sont formés aux fins de l’étude :

  1. Un groupe programme composé d’enfants inscrits dans une garderie francophone offrant le nouveau programme préscolaire;
  2. Un groupe témoin en garderie comprenant les enfants inscrits dans une garderie francophone n’offrant pas le nouveau programme; et
  3. Un groupe témoin hors garderie regroupant les enfants dont la garde de jour a lieu à la maison ou en garderie en milieu familial.

 

Évaluation du programme

L’évaluation du programme se fait en comparant la courbe développementale des enfants participant au programme et celle de groupes d’enfants similaires ne participant pas au programme (c.-à-d., les enfants du groupe témoin en garderie et du groupe témoin hors garderie). Les principales dimensions développementales mesurées chez tous les enfants participants sont les compétences langagières et les habiletés cognitives (c.-à-d., compétences en prélittératie, prénumératie, lecture et divers aspects logico-mathématiques). La première évaluation des dimensions développementales des enfants (c.-à-d., le niveau de référence) a lieu au début de la prestation du programme préscolaire. Par la suite, l’évaluation des enfants se fait tous les quatre mois pendant les deux premières années du projet, pour un total de sept évaluations. Les deux dernières années du projet, l’évaluation des enfants a lieu annuellement. Notons qu’un sondage est rempli aux mêmes moments par les parents des enfants participant à l’étude.

Afin de bien dégager l’effet du programme, les analyses d’impact prennent en compte l’influence de facteurs connus pour influencer la préparation à l’école et le rendement scolaire. Par exemple, l’analyse tient compte des caractéristiques sociodémographiques des enfants et de leurs parents, des processus familiaux (p. ex., les pratiques parentales), de l’environnement linguistique à la maison et en service de garde, du capital social et de l’appartenance identitaire des parents aux groupes linguistiques.

État du projet

Le projet Capacité d’apprentissage est terminé depuis 2013 et les enfants sont maintenant inscrits au secondaire. En 2014, la SRSA a rendu publics les rapports du projet. Le Rapport de référence donne la description des participants de la première cohorte du projet au démarrage du programme en 2007. Le Rapport de mise en œuvre du projet documente les activités menées et rapporte les résultats de l’étude de mise en œuvre du programme auprès de la première cohorte du projet. Le Rapport des résultats de la première cohorte concerne les impacts et effets du programme sur les enfants et les parents.

Le Rapport des résultats de la phase préscolaire est le premier rapport comprenant les résultats combinés des première et deuxième cohortes de participants. Il comprend une description des participants, les résultats de l’étude de la mise en œuvre du programme ainsi que les impacts et les effets perçus du programme sur les enfants et les parents. Le Rapport des effets du programme en première année scolaire se penche sur les impacts et effets perçus à moyen terme du programme sur les enfants et les parents. Enfin, le Rapport des effets du programme en deuxième année scolaire aborde les impacts et les effets perçus à plus long terme du programme sur les enfants et les parents. En outre, il jette un regard critique sur la trajectoire développementale des enfants et sur les changements dans les dimensions parentales d’intérêt au cours des quatre années du projet. Cette analyse permet de faire le point sur les succès du programme et les éléments méritant d’être améliorés pour en augmenter son efficacité à atteindre les résultats escomptés.

En 2016, la SRSA a publié trois sommaires du projet regroupant les résultats de l’étude de la mise en œuvre du programme, les impacts du programme sur les enfants et les parents sur les quatre années du projet, et les effets du programme sur les communautés participantes.

Financement

Le projet Capacité d’apprentissage dans les communautés francophones en situation minoritaire était financé par Ressources humaines et Développement des compétences Canada.

Détails du projet

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